jeudi 9 septembre 2010

AINSI, le dimorphisme de Germinal


C'est quoi, ce monde... à bout de souffle, à bout de rien et de jubilations dilatoires ? C'est quoi, ce monde pour qu'on batte AINSI le pavé des pas perdus d'avance [1] ? Ainsi, c'est-à-dire avec ça de service minimum, avec ça de petit doigt qui fait qu'on se fait croquer la main, le bras, le buste, tout le corps. Et le lendemain, y' a plus qu'à déchanter, la douleur de s'être fait bouffer en sus.
À quoi ça sert d'amender AINSI le but pas si tôt à atteindre qu'il est déjà dans les cartons, comme un bonbon gardé en poche ?
Et dire qu'ils parlaient de défiler un samedi, voire un dimanche (les 18 ou 19 septembre prochains) ! Y' avait plus qu'à ouvrir la buvette et se ronfler la gueule en silence, parce que le dimanche ça coince fort dans les rues des capitales vides, ça bloque dur, ça perturbe à outrance. Le musée des barricades montre bien toutes ces actions menées le week-end pour que la France d'en haut dorme sur ses deux oreilles, peinarde dans ses jacuzzis gonflés d'orgueil : le meilleur des avancées du week-end, c'est encore de pêcher à la calée.
Le 23, dit-on. Le 23, plein pot... avec ça de service minimum pour que la France tourne plein pot, comme d'hab ; avec ça de Laurence Ferrari pour pointer du doigt les turpitudes engendrées par les manifestations, avec ça de leçon et va te coucher sans manger. Sûr que demain ils exigent la semaine de 48 heures, qu'on y revient comme en 40, en 36 pour les puristes. Sûr qu'ils nous gavent d'impôts et que dans le même temps le CAC 40 exulte, qu'on baisse pavillon avec le sentiment d'avoir ouvert une brèche.
Non. Je ne pensais pas nos générations si pleutres, si connes à ce point. Je ne pensais pas à ces vilénies quand nos cours d'écoles voyaient monter en nous tous les espoirs du monde, raillaient la dèche des pères ; factotums ingrats de gens morts sous la mitraille [2], crevant réellement de faim. Ce qui nous manque sûrement : la misère, la vraie. À huit dans un garage avec l'idée d'un autre service minimum, foutre le dernier dans une boîte à chaussures et le déposer sur le parvis d'une église, d'une mosquée. Ceux-là aussi, les vraiment pauvres, on se demande bien ! La calée, et rien d'autre ; ou brelan d'as pour les mêmes. Rappelle-toi le coup de gueule de Gabin dans La traversée de Paris ( http://www.youtube.com/watch?v=6bwuChgUtPE), l'Histoire de France :
- C'est une révolte ?
- Non Sire. Une carmagnole !
La preuve, ce sondage BVA pour Canal+ en date du 9 septembre : 55% des Français pensent que le gouvernements doit céder sur l'âge de la retraite (2% ne se prononçant pas). Résultat, c'est du kif-kif, quasiment du 50/50.
La retraite : dans le fion. Les augmentations EDF/GDF à répétition : dans le baba. Le dégraissage du mammouth : dans l'os... Allez vas, t'es un brave gars, on te renverra au charbon. Y' aura bien un rôle pour toi ; figurant dans Germinal, ça a de la gueule, non ?

[1] "Désormais, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit", ironie du 5 juillet 2010 au Conseil national de l'UMP
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_des_vignerons_du_Languedoc_en_1907

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