lundi 27 septembre 2010

SERPENT DE MER et autres monnaies



Le Plan A :
Conservateur (Rossi) ; Ambitieux (Stiglitz)
Alors, si c'est Stiglitz qui le dit, comment mettre en doute sa grande question : Pourquoi le monde doit-il abandonner le dollar ? Il est vrai qu'en ce début de XXIème siècle, il paraît de plus en plus aberrant de confier à une superpuissance pour le moins chahutée l'hégémonie d'une économie de crise ? Ainsi sur les 4.000.000.000.000 de dollars échangés chaque jour sur le marché des changes, le billet vert est actuellement impliqué dans 84,9% des transactions (contre 86,8% en 1998).
Ce que préconise Joseph Stiglitz n'est rien moins qu'une monnaie mondiale susurrée ici et là aux différents sommets. Pour preuve celui du G20 de Londres en avril 2009 ainsi que le soulignait la Tribune de Genève du 2 avril sous la plume d'Emmanuel Barraud. La Chine – aujourd'hui les 4 BRIC (Brésil, Russie, Inde et... Chine) et les principaux grands pays émergents dont l'Arabie Saoudite, l'Afrique du Sud, la Turquie, l'Indonésie, l'Ukraine...) – propose(nt) qu'un étalon monétaire international soit mis en place pour rééquilibrer le commerce mondial et surtout pour limiter les crises économico-financières. Exception faite que l'or ne pourra jamais plus redevenir la référence puisque seulement 2.500 tonnes d'or sont extraites chaque année ; loin, fort loin des volumes qui s'échangent.
Sans remonter au surintendant des finances de Louis XIV, Nicolas Fouquet, qui, pour sortir la France d'une grave crise, impose dès juillet 1653 une réévaluation de la pistole d'or de 12 à 20 livres, on peut néanmoins affirmer que l'idée de Stiglitz n'est pas nouvelle. L'économiste John Maynard Keynes l'avait déjà exposée en 1944 lors de la Conférence de Bretton Woods en avançant le Bancor pour monnaie internationale. Plus près de nous, dans un document daté du 13 avril 2010 (soit deux mois et demi avant le G20 de Toronto) et intitulé « Accumulation des Réserves et Stabilité Monétaire Internationale » [1], le département de la politique et révision du FMI recommande d'adopter une monnaie mondiale nommée “Bancor”, et qu'une banque centrale mondiale soit créée pour administrer cette devise.
De même que le Nobel d'économie Stiglitz eut l'intelligence de chercher un modèle qui définisse le PIB autrement qu'en termes des seules richesses d'un pays mais plus encore par le bien-être à y vivre [2] ; de même sa monnaie de réserve internationale apporterait-elle solution à la crise. On retiendra sa dernière interviewe pour le magazine « l'Expansion » en date du 22 septembre 2010 [3]. Certes, les riches en sortiraient vraisemblablement plus riches, mais du moins balayerions-nous les risques de rechute. C'est en somme la faiblesse de ce plan A, mais pour autant cela demeure une porte de sortie en faveur de la relance.
Le professeur de macroéconomie et de politique monétaire à l'université de Fribourg, Sergio Rossi, dans son article à « la Tribune de Genève » ne cache pas non plus ses craintes quant au maintien de l'étalon-dollar :
« La Chine a compris que le régime de l'étalon-dollar, mis en place après l'abandon de l'or comme référence internationale, perturbe fondamentalement l'équilibre des transactions économiques entre les pays et contribue à l'instabilité financière dans le monde entier. »
Ce qui rejoint parfaitement les vues de Stiglitz quand il dit, en ce mois de septembre 2010, que « quand l'économie va mal, on crée plus de monnaie, ce qui permet à plus de pays de dépenser un peu plus ». D'où l'idée d'une version ambitieuse et autonome du FMI pour régler les objectifs d'intérêt public, comme la lutte contre le réchauffement climatique, voire en aidant les pays les moins développés à financer par ce biais leurs réductions d'émission de CO2.
Le modèle retenu par Sergio Rossi se prévaudrait quant à lui d'une version plus conservatrice que l'on a déjà pratiquée, à savoir l'émission de nouveaux “ droits de tirage spéciaux ”, les DTS du FMI. En fait, Rossi va plus avant en répondant à une autre question d'actualité : pourquoi la Chine, les BRIC appellent-ils de leurs vœux à cesser d'utiliser le dollar dans les paiements internationaux ? Réponse de l'intéressé : Quand les États-Unis paient en dollars, en fait ils ne renvoient que l' “ image ” des dollars déposés dans leurs banques. C'est ainsi qu'ils ne font aucune concession quand ils règlent leurs importations. L'écart inflationniste que supportent les pays exportateurs, qui eux font de réels sacrifices en alignant leur propre monnaie sur le dollar, alimente une masse de pétrodollars ou d' “eurodollars” dont se servent les États-Unis pour lancer des crédits très bon marché (souvenons-nous des fameux “subprimes” qui ont anéanti l'économie mondiale). Le mécanisme est donc en place pour générer de nouvelles et interminables crises. On comprend mieux, dès lors, l'ostracisme des États-Unis dans leur entêtement, leur blocage et leur pression auprès du FMI et de la Banque Mondiale.
Les “ droits de tirage spéciaux ” attribués par ce “FMI réformé” aux pays membres en difficulté avec leur balance des paiements, permettraient ainsi de les aider. Utiliser uniquement par les banques centrales nationales pour le règlement des échanges internationaux – le public n'en verrait pas la couleur –, cette monnaie supranationale servirait à tous les transferts de capitaux d'un pays à l'autre. Ce seraient ensuite aux banques centrales respectives d'assurer la conversion des monnaies de manière à ce que chaque pays exportateur reçoive de vrais actifs financiers. Mais à l'inverse de ce qu'on a fait avec l'euro, il convient donc que chaque pays conserve sa propre monnaie.



Un tel plan A, quelle que soit sa version, n'est pas sans alimenter la théorie du complot dans l'implacable mise en place d'un nouvel ordre monétaire mondial ; celui-là même que prêchera le président Nicolas Sarkozy au prochain G20 de Séoul, les 11 et 12 novembre prochains. S'il est d'admettre l'empirisme de Bruxelles dans les directives européennes – comme on le voit actuellement avec les Règles pénitentiaires européennes, voire avec l'uniformisation des systèmes de retraites [4] –, on l'imagine encore plus volontiers d'une gouvernance de niveau mondial. Mais de là à y voir le montage d'un complot à la Da Vinci Code, il est des romances d'écrivain dont nous nous abstiendrons ici ; à tout le moins d'en prendre acte.


Le Plan B de Maurice Allais
Partant du principe que nous sommes tous des économistes en puissance ou en devenir, l'avantage avec le plan A revient à s'abstenir de tout didactisme. Seuls importent les deux grands courants : celui d'un étalon monétaire international et celui des DTS. En revanche, pour comprendre et mesurer la pensée de Maurice Allais [5], unique prix Nobel d'économie français, il convient de fourbir d'autres armes que l'imprécation finalement en vigueur et s'en tenir à une démonstration de fond pour mieux appréhender la forme. C'est en somme à un cours d'économie pour nuls que nous convie d'abord le presque centenaire.
La monnaie :
Produisant 1 kg de navets, je lui attribue une valeur de 1, soit 1 euro en Europe. Je peux donc vendre mon kilo de navets aux alentours de 1 euro. C'est donc le prix moyen des biens et des services qui définit l'échelle des valeurs économiques. En admettant que je fasse un chiffre d'affaires de 50 euros sur l'ensemble de ma récolte, après déduction des frais de fonctionnement de 40 euros, je réaliserai un bénéfice de 10 euros.


À supposer maintenant qu'un faux monnayeur fabrique un faux billet de 50 euros, il pourra s'acheter 50 kg de navets. Arrive ce qui doit arriver : il est pris et mis en prison. Il existe pourtant une catégorie de faux monnayeurs qui échappent à toute geôle : les banques et les États. On dit non pas qu'ils font de la fausse monnaie mais qu'ils créent de la monnaie. Système vieux comme le monde qui incite, dans les limites du raisonnable, les producteurs à produire et les acheteurs à acheter. Les banques et les États créent ainsi des valeurs économiques et de la croissance. Quant aux limites du raisonnable, elles se situent essentiellement dans la capacité d'absorption de la monnaie créée par l'économie ; au-delà, elles génèrent des crises.
La monnaie de banque :
Les banques n'impriment pas de billets mais elles prêtent de l'argent et approvisionnent les comptes de leurs clients. Dans un premier temps, le profit réalisé avec la vente de mes navets m'a rapporté 500 euros que je confie à une banque de dépôt.
Si 100 producteurs déposent la même somme que moi, la banque se retrouve détentrice de 50.000 euros, lesquels servent de garantie pour consentir des prêts (à la consommation ou à l'investissement) – C'est le fameux « 100% monnaie » qui impose aux banques des réserves de 100% des dépôts monétaires ; sans cela, si tous les prêts bancaires étaient remboursés, il n'y aurait plus ni le moindre euro en banque, ni la moindre pièce ou billet en circulation. Mais par cette activité de prêt, la banque prend des risques qu'elle minimise en s'assurant de la solvabilité des emprunteurs. C'est ce mécanisme qui créer de la monnaie de banque.
Parallèlement à cela, en se regroupant au plan international, les banques spéculent en faisant supporter les risques par d'autres selon deux principes de base.
Le premier consiste à prêter de l'argent à des individus, des entreprises ou des gouvernements aujourd'hui incapables de rembourser mais pour lesquels elles se basent sur des conditions de marché « porteuses ». Pariant sur le fait qu'un jour le cours du navet ne cessera d'augmenter, la banque me prête de quoi acheter de nouvelles parcelles... ce que ne manquent pas de faire d'autres banques pour d'autres producteurs. De sorte qu'il arrive un moment où le cours du navet cesse de grimper pour s'effondrer. Les banques ont ainsi créé une bulle sur le navet dont l'implosion entraîne la chute des producteurs de navets trop engagés, voire celle des banques ayant pris des risques au-delà des capacités de remboursement de leurs clients.
Le second principe consiste cette fois à spéculer sur les cours des marchandises. Le navet faisant l'objet d'une forte demande mondiale, les banques peuvent par exemple espérer vendre le kilo de navet 1,50 euro dans le mois qui suit l'achat. Elles font alors automatiquement monter le cours du navet et incitent de nouveaux producteurs à se spécialiser dans le navet. X raisons faisant que le cours du navets finit par s'effondrer, les banques d'affaires et plus encore leurs déposants se retrouvent en difficulté. C'est une crise économique générale.
Mais pourquoi, diantre !, les banques de dépôt, de prêt ou d'affaires – dont on ne sait plus trop qui est qui – continuent-elles à spéculer dès lors que des risques d'implosion existent ? Tout simplement parce qu'avec l'aide des États, elles font de plus en plus supporter à l'économie (consommateurs, producteurs, épargnants) l'objet de leurs spéculations avortées. Il n'est pour cela de comprendre avec quelle virtuosité le pouvoir financier (banques et actionnaires) sont parvenues à convaincre l'opinion publique que la faillite des grandes banques généreraient de très graves crises. Les États n'hésitant plus dès lors à renflouer les dettes des banques menacées... qui, remises à flot, peuvent de nouveau spéculer. [*]
L'économie réelle (produire et vendre des biens et des services) comme l'économie virtuelle (spéculations pouvant conduire à des crashs ou des bulles) sont intimement liées à la monnaie de banque. Les superpuissances concluent avec le pouvoir financier des banques (pensons à Wall Street ou la City de Londres) des accords explicites et implicites visant à dominer le monde. Par ce jeu, ou ce mariage de raison comme l'on voudra, les banques bénéficient désormais de la puissance économique et politique qui incombaient jusque-là aux États, seuls capables d'émettre de la monnaie régalienne.
La monnaie régalienne :
Le privilège de « battre monnaie » permettait aux États de financer leurs dépenses militaires et civiles, elles-mêmes compensées par des ressources régaliennes tels que les impôts et les taxes. Lorsque les émissions de billets dépassent les capacités de l'économie à les utiliser aux profits d'investissements productifs, elles génèrent de l'inflation [6] : il y a plus d'acheteurs que des biens disponibles, les prix grimpent ; un tel système inflationniste a par exemple engendré la montée du nazisme. L'utilisation abusive de la planche à billets conduit les États à se tourner vers les banques pour emprunter et couvrir leurs déficits budgétaires. Ceci étant, ils ont laissé le loup pénétrer dans la bergerie et les marchés sollicités ont peu à peu édicté leurs modèles de société, des choix géopolitiques dont on mesure, hélas, tous les jours l'ampleur.
Monnaie de banque et monnaie régalienne :
Les banques financent les dépenses et les investissements de court terme des particuliers dont moi, producteur de navets – sens propre et figuré, of course ! De leur côté, les États, par les impôts que je lui verse, finance les dépenses sociales, d'éducation et d'infrastructures. Un équilibre précaire entre privé et public mis à mal avec la mondialisation : le pouvoir financier tenant à s'immiscer partout dans la gouvernance (main basse sur l'énergie, les mines, l'agriculture, l'industrie). Et qui dit banques dit spéculation, et dit aussi parfois déficits (si abyssaux soient-ils)... que les États et les contribuables prennent à leur charge.
Du coup, en tant que producteur de navets, j'aurai plutôt tendance à me laisser tenter par des fonds spéculatifs promettant 15% en deux ans !, que par les 0,5% d'intérêts qu'une épargne classique m'octroierait. Je renonce donc aussitôt à investir dans l'économie réelle, propre à ma profession, pour vendre mes terres et me tourner vers les placements risqués... laissant aux navets chinois de pitoyablement remplacer ceux qui me permettaient de vivre avant que je ne devienne chômeur sans droits.
Aujourd'hui, la crise menace ceux qui, comme moi, ont renoncé à se doter d'activités productrices autonomes (agriculture, industrie, services, techno-sciences). Ce que certains gouvernants commencent à comprendre, voulant réinvestir dans du “concret”. Mais avec quels capitaux, sinon en créant de la monnaie.
« Les intérêts financiers ont prévu le coup, nous dit Maurice Allais. Aujourd'hui, notamment en Europe, les États sont juridiquement contraints de ne pas dépasser un certain niveau de déficit budgétaire et d'excédent de la dépense nationale sur le revenu national. Par ailleurs, la Banque centrale européenne qui pourrait couvrir les endettements des États en rachetant les titres de leur dette se voit interdire de le faire. Tout est donc prévu pour que le système économique et social actuel puisse s'effondrer, sans que les États dont la mission prioritaire est de le protéger soient autorisés à le faire. »
Pour s'en sortir, on a récemment vu la Grèce faire appel aux États, qui eux-mêmes ont fait appel aux marchés. Jusqu'à quand ?

On l'aura compris, Maurice Allais pointe du doigt le système financier mondial dont la finance américaine et anglo-saxonne dans sa globalité représente l'axe dominant d'un mécanisme visant à faire sauter les barrières protectrices que pouvaient se donner les États et les économies plus faibles. C'est par un retour à des économies régulées par les puissances publiques et mettant en œuvre un protectionnisme raisonné que les pays ainsi dominés pourront s'en sortir.
Quésaco ?
Insistons sur deux grandes idées allaisiennes, sur deux mesures immédiates et simultanées qui permettraient à l'Europe et aux États membres de reconquérir le pouvoir monétaire confisqué par les banques :
1 – Autoriser la Banque centrale européenne à créer de la monnaie par simple jeu d'écriture au profit du Trésor Public ;
2 – Interdiction aux banques de créer de la monnaie de banque ; elle deviendraient alors de simples intermédiaires entre la Banque centrale européenne et les agents économiques (particuliers, entreprises...), ne réalisant au passage que des profits nécessaires.
Et Maurice Allais de préciser :
« Il ne s'agirait en aucune façon d'isoler totalement une Communauté régionale de la concurrence extérieure par un protectionnisme illimité. Il s'agit seulement de mettre fin aux effets désastreux d'un libre-échangisme mondialiste sans limite [7] et d'une libération inconditionnelle des mouvements de capitaux qui en l'absence d'institutions appropriées ne cessent de développer leurs effets pervers. » Sachant, par ailleurs, que les « marchés ne sont manipulés que par de petits groupes de Golden Boys qui au sein des grandes banques ont pour mission de réaliser des profits en spéculant contre les monnaies avec des moyens de paiements créés ex-nihilo », de toutes pièces. Un libre-échangisme où « il est évident qu'avec le point de vue doctrinaire du G20, toute l'industrie française finira par partir à l'extérieur » ; soulignant combien « il est scandaleux que des entreprises ferment des sites rentables en France et licencient, tandis qu'elles en ouvrent dans les zones à moindres coûts. » [8]
Nous pourrions également insister sur un autre fondement de la crise actuelle : l'organisation du commerce mondial. Comment seulement concevoir d'avoir supprimé les protections douanières avec la Chine, colosse écrasant tout sur son passage ? La libéralisation du commerce génère en nos pays un chômage que personne ne peut plus enrayer, aggravant d'autant la situation sociale... et que Maurice Allais qualifie de « sottise majeure ». Pour lui, le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, qui « ne comprend rien, rien, hélas ! » est « un des facteurs majeurs de chômage » qu' « il faut de toute urgence délocaliser ! ».
Exclu des plateaux de télévision et bien avant que la crise n'éclate – son livre date de 1999 –, Maurice Allais mettait déjà en garde contre le rôle des banques et de leurs traders. Mais qui pour l'écouter ou lui donner la voix alors que les médias sont tous, comme il le dit, à la botte d' « une finance de “casino” » ? Qui ?

Serpent de mer
Voilà. Et quand bien même Maurice Allais serait-il le « nuisible exceptionnel » que prétend François Guillaumat dans liberpedia.org, on ne peut s'empêcher de relier entre eux le plan A du lumineux Stiglitz et le plan B de l'ombrageux Allais, serait-ce au moins par le mot Monnaie ; internationale pour l'un, régionale pour l'autre. Monnaie, comme un droit ancestral, comme un dû de proche imminence. Monnaie, mais les obstacles ne manquent pas : superpuissances d'un côté, pouvoir financier de l'autre – Oups, rien que cela !
Est-ce donc lui le serpent de mer que l'homme des cavernes s'amuse à graver, tantôt Ouroboros grec se mordant la queue, tantôt Quetzalcóatl à plumes ? Est-ce donc cela que nous redoutons tant de voir ressurgir pour que nous en préférions aujourd'hui encore les souffrances virtuelles ?
Je ne sais qui croire des légendes, « des vérités établies, des tabous indiscutés, des préjugés admis sans discussion » [9] ? Je ne sais que voir l'intransigeance des crises qui s'empilent, et je cherche. Je cherche et j'entrevois des portes, d'autres portes encore : David Ricardo (1772-1823), Irving Fisher (1867-1947), Ludwig Von Mises (1881-1973), Milton Friedman (1912-2006), James Tobin (1918-2002). Tous cherchant eux-mêmes à dissocier la monnaie du crédit. Et je vois aussi combien profitable serait pour les États et les peuples de bénéficier des bienfaits des émissions monétaires (internationales, DTS ou régionales) telles qu'ils les conçoivent les uns et les autres.
Madoff en tête, comme beaucoup en ont fait les frais, « L'économie mondiale toute entière repose aujourd'hui sur de gigantesques pyramides de dettes […], jamais par le passé une pareille accumulation de promesse de payer ne s'était constatée. […] Jamais, sans doute, une telle instabilité potentielle n'était apparue avec une telle menace d'un effondrement général. »
Pas une ride, le père Allais ! Rien qui ne nous laisse douter de l'issue prochaine d'une économie de tourmente qui n'a de cesse, de crise en crise, de se mordre la queue et d'implorer les dieux que nous sommes, vous et moi.
[*] Sous la plume de Laurent Cordonnier, économiste préconisant une « reflation » des salaires, je lis « le Monde Diplomatique » de ce mois de septembre 2010 : même et terrible constat.
« Ainsi la crise financière aboutit-elle, deux ans après la faillite de la banque Lehman Brothers, à la rigueur pour les populations de l'Ancien Continent, fermement “invitées” au sacrifice pour expier des fautes qu'elles n'ont pas commises. »
Terrible constat, en effet, de nous voir repartis de plus belle dans ces travers spéculatifs qui ne sont ni de notre ressort, ni de notre responsabilité puisque, à cette échelle, n'ayant rien à voir avec les quelconques paris des boursicoteurs :
« Lorsqu'ils [les marchés] seront déniaisés concernant les objectifs de réduction des déficits publics affichés à l'horizon 2013 – lesquels apparaîtront tôt ou tard comme mensongers, avec l'aide sans doute des agences de notation –, un deuxième krach obligataire ne sera plus impensable. »
[1] Source FMI (document de 35 pages) http://www.imf.org/external/np/pp/eng/2010/041310.pdf
[3] Source L'Expasion http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/stiglitz-pourquoi-le-monde-doit-abandonner-le-dollar_239316.html Joseph Stiglitz enseigne à la Graduate School of Business de l'université Colombia et fut nommé par Jean-Paul II à l'Académie pontificale des sciences sociales
[4] Livre vert de la Commission européenne : Vers des systèmes de retraite adéquats, viables et sûrs en Europe, Bruxelles, juillet 2010
[5] Deux livres intéressants : Économie pure et rendement social, Maurice Allais, Dalloz, 2006 ; La crise mondiale aujourd'hui : Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires, Maurice Allais, éditions Clément Juglar, 1999 = preuve s'il en est de son bon flair quant à l'effondrement financier de l'été 2008
[*] se reporter à l'astérisque de conclusion
[6] Et non pas de la "fellation", exit Rachida Dati ce dimanche 26/9 sur Canal+
[7] En 2010, à 99 ans, Maurice Allais se livre à une critique féroce du libre-échangisme dans la revue de l'École nationale supérieure des Mines de Paris dont il est professeur honoraire, Réalités Industrielles, éditions Eska, mai 2010
[8] Marianne n° 659, décembre 2009
[9] Ibid Maurice Allais, Réalités Industrielles

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